Santé des abeilles en 2023

La santé des abeilles en Suisse et au Liechtenstein correspond globalement à celle de l’année précédente. Dans certains domaines, de légères améliorations se dessinent, dans d’autres, de légères détériorations ou décalages.

Le rapport détaillé «Santé des abeilles en Suisse 2023» est accessible sur le web. Vous trouverez ci-dessous un résumé des points principaux et deux graphiques sur l’apparition temporelle du manque de nectar et de pollen, qui ne figurent pas dans le rapport.

Maladies du couvain

En 2023, 163 cas de loque européenne et 41 cas de loque américaine ont été enregistrés. Comparativement à l’année précédente, il s’agit presque d’un doublement des cas de loque européenne (84 cas l’année précédente) et de plus d’un tiers de cas supplémentaires de loque américaine (29 cas en 2022). Le mois de mai 2023 pluvieux et frais et l’approvisionnement réduit en pollen et en nectar qui en a résulté ont probablement aussi rendu les colonies plus vulnérables à la maladie. Les cas d’épizootie ont augmenté en 2023 par rapport à l’année précédente.

Comme les années précédentes, la plupart des cas de loque européenne ont été annoncés dans le canton de Berne. Il faut cependant tenir compte du nombre élevé de colonies. Bien que le canton de Berne soit en tête en termes de nombre absolu de cas, seuls 1,4 % des apiculteur·rice·s du canton sont touché·e·s par cette maladie du couvain. Obwald a été le plus concerné, avec 17,5 % d’apiculteur·rice·s touché·e·s en 2023.

En 2023, 41 cas de loque américaine ont été enregistrés au plan national. Par rapport à l’année précédente, cela correspond à une augmentation de 46.4 %. La majorité des cas ont été détectés à Obwald au cours de l’année de référence. Dans l’ensemble, les cas de loque américaine restent toujours à un niveau très bas. En comparaison avec le nombre d’apiculteur·rice·s, c’est de nouveau à Obwald que l’on a enregistré le plus de cas : 13.8 % des apiculteur·rice·s ont été touché·e·s. A Uri, 2,9 % des apiculteur·rice·s ont été touché·e·s et à Genève, 1,3 %. Les autres cantons se situaient en dessous de 1 %.

Pertes hivernales 2022/23

Les résultats de l’enquête sur les pertes hivernales 2022/23 ont déjà été présentés en détail dans le numéro d’août 2023 de la Revue suisse d’apiculture. Les pertes hivernales se situent dans la moyenne des cinq dernières années. 15 % des colonies n’ont pas survécu à l’hiver. En outre, 17,4 % des colonies ont été perdues avant l’hivernage ou étaient trop faibles à la sortie de l’hiver pour se développer en une colonie de production.

Nouveaux ravageurs

La Suisse et le Liechtenstein sont toujours exempts du petit coléoptère de la ruche et de l’acarien asiatique Tropilaelaps. En 2023, le frelon asiatique s’est propagé de manière fulgurante en Suisse. Des découvertes ont été confirmées dans les cantons d’Argovie, de Bern, de Bâle-Campagne, de Fribourg, de Genève, du Jura, de Lucerne, de Neuchâtel, de Soleure, de Thurgovie, de Vaud, du Valais et de Zurich. Vous trouverez un article détaillé sur le frelon asiatique dans le présent numéro. Un article sur les compétences en matière du frelon asiatique est paru dans l’édition d’avril de cette revue.

Enquête relative à la santé des abeilles

En décembre 2023 et janvier 2024, le SSA a évalué la santé des colonies d’abeilles mellifères en Suisse et au Liechtenstein au moyen d’un questionnaire. Au total, 626 personnes ont participé à l’enquête (464 en Suisse alémanique/au Liechtenstein, 129 en Suisse romande, 33 au Tessin).

Comme l’année précédente, le varroa est jugé le plus problématique et arrive largement en tête, suivi par la fausse teigne, le couvain calcifié, le virus des ailes déformées et le frelon asiatique.

Infestation varroa

82 % des participant.e.s à l’enquête (contre 86 % l’année précédente) estiment que la pression varroa est moyenne ou inférieure à la moyenne. Comme à peu près autant de personnes estiment l’infestation comme étant au-dessus (18 %) respectivement au-dessous de la moyenne (17 %), la situation liée à varroa semble correspondre à celle des années précédentes.

Certaines différences régionales sont apparues en 2023 : 17 % des apicultrices et apiculteurs de Suisse alémanique considèrent l’infestation comme supérieure à la moyenne, 23 % en Suisse romande et 9 % au Tessin.

Offre en nectar

Étant donné qu’une offre suffisante en nourriture est essentielle pour la santé des abeilles, le SSA a demandé aux participant·e·s à l’enquête s’ils avaient observé d’éventuelles carences en matière d’approvisionnement en nectar et en pollen.

Après un mois de mars doux, les températures d’avril ont été largement inférieures à la moyenne, selon Météo Suisse, et les pluies ont été particulièrement abondantes dans certaines régions, sauf au Tessin. En raison du temps maussade et pluvieux, les abeilles n’ont souvent pas pu voler à la mi-mai.

L’été a été le cinquième plus chaud depuis le début des mesures (1864), avec deux vagues de chaleur marquées au nord des Alpes et trois au sud. Selon Météo Suisse, les quantités de précipitations sont restées inférieures à la moyenne en Suisse romande et dans la moyenne dans le reste du pays. La durée d’ensoleillement a été supérieure à la moyenne sur une grande partie du territoire, en particulier en juin, et a contribué à une bonne miellée d’été dans une grande partie de la Suisse.

36 % des personnes interrogées ont constaté un manque de nectar en 2023. Comme le montre le graphique, le déficit se répartit, en moyenne suisse, de manière étonnamment homogène sur les mois d’avril à août. Le manque en avril et mai est probablement dû en grande partie aux conditions météorologiques fraîches et pluvieuses de ces mois.

Offre en pollen

En moyenne en Suisse, seuls 8 % des personnes interrogées ont constaté un manque de pollen, l’année précédente ce chiffre était de 15 %.

Les 8 % qui ont constaté un manque de pollen pendant l’année sous revue l’ont observé principalement en avril, mai et août. Au printemps, la carence est probablement à nouveau due au temps frais et humide et en août, probablement liée à une vague de chaleur marquée et à la sécheresse.

Au niveau régional, le manque de pollen se présente comme suit : 15 % au Tessin, 9 % en Suisse romande et 7 % en Suisse alémanique. L’année précédente, la situation était plus marquée particulièrement au Tessin. A l’époque, 56 % des participant·e·s tessinois·e·s à l’enquête avaient indiqué avoir constaté un manque de pollen à la fin de l’été (juillet/août).

Intoxications d’abeilles

Au cours de l’année 2023, le SSA a reçu 15 déclarations de suspicion d’intoxication des abeilles. Cela correspond à peu près au nombre d’annonces des années précédentes. Dans deux cas, une intoxication aiguë a pu être confirmée.

Des détails supplémentaires sur les annonces de suspicion figurent dans le rapport séparé «Intoxications d’abeilles 2023», qui a été publié dans le numéro d’avril 2024 de cette revue.